Les élections de tous les dangers?

Jacques Gennen

D’accord, le titre est accrocheur et je ne fais pourtant pas partie des prêcheurs alarmistes et adeptes du catastrophisme !

Le danger de l’absentéisme

Certains invitent à ne pas voter. Je peux comprendre leur lassitude, entretenue d’ailleurs par l’idée véhiculée dans certains médias que la crise actuelle est due à l’irresponsabilité du monde politique.

Comme je l’ai déjà écrit, ne mettons pas tous les mandataires publics dans le même sac. Les vraies responsabilités ne sont pas du côté francophone même si le refus de négocier et les incantations du style « nous ne sommes demandeurs de rien » n’ont pas arrangé les choses.

Il ne faut surtout pas désespérer de la politique !

Avec le débat public, le pluralisme politique et la liberté d’expression, le vote (et, en particulier, le vote obligatoire chez nous) est un élément essentiel du fonctionnement de notre société démocratique.

« Car pour faire aboutir des avancées démocratiques, pour transformer la société, le passage par la représentation politique des intérêts en présence, et par le débat politique est indispensable.
Les lois émancipatrices ont été et resteront adoptées par des majorités politiques dont la composition est fonction, au premier chef, du résultat des élections, donc du vote
» (extrait de l’intéressante carte blanche « Vote obligatoire : ne pas jeter la démocratie avec l’eau du bain », publiée par un collectif de signataires dans Le Soir du 26 mai 2010).

"Faire de la politique" en participant au débat d’idées, en se présentant devant les électeurs, en cherchant le pouvoir pour appliquer son programme et concrétiser sa vision de l’intérêt général, reste un engagement - souvent difficile - qui a ses lettres de noblesse.

Mais c’est vrai aussi qu’il y a celles et ceux, peu nombreux heureusement, qui pratiquent la confusion d’intérêts ou font passer leur propre intérêt ou celui de leur parti avant l’intérêt général.

Il en est d’autres qui sacrifient trop facilement à l’image, à l’événementiel, au court terme. Ils sont d’ailleurs bien soutenus par la complaisance de certains journalistes qui exploitent ce côté superficiel de l’engagement politique pour s’en moquer ou attirer le chaland.

Bon, au-delà de ces turpitudes et de ces excès, il y a la noblesse d’un engagement dans lequel la très grande majorité des candidats et des élus s’investit avec passion sans se laisser corrompre par le pouvoir (ce qui ne veut pas dire qu’ils n’y prennent pas goût, même un peu trop parfois…).

Quelle chance nous avons de pouvoir voter!

Le danger du nationalisme flamand

Certes, il y a aussi le danger de voir les partis nationalistes flamands et la NV-A en particulier, mener la danse en Flandre (mais n’est-ce pas déjà le cas depuis de nombreuses années ?) et, par ricochet, lors des prochaines négociations fédérales.

Il faudra sans doute négocier avec la NV-A aussi une profonde réforme de l’Etat, sans se laisser impressionner par son objectif final qui est le séparatisme.

Sans se laisser impressionner non plus par les résolutions du Parlement flamand que j’ai évoquées dans mon précédent éditorial et dont certaines sont imbuvables comme la scission des soins de santé (un prélude à la scission de la sécurité sociale…), la mise sous tutelle de Bruxelles et la suppression de son statut de région, la remise en cause de certaines solidarités fiscales, etc.

Le jusqu'au-boutisme de certains Flamands ne manquera pas d’être corrigé à l’aune des conséquences de la crise économique et financière en Flandre…

Le danger des mesures de rigueur ou d’austérité

Si la rigueur, c’est mieux gérer en préservant notre modèle social, en recherchant plus d’équité fiscale, en protégeant les victimes de la crise, en préservant la qualité et l’efficacité des services publics : on peut être d’accord !

(Les écarts se creusent encore entre les riches et les pauvres et les inégalités sociales gagnent du terrain. l'abondance ou même simplement le strict nécessaire est de moins en moins au rendez-vous des victimes de la crise. Photo: fresque du Salon de l'Abondance au Palais de Versailles)

Mais la rigueur pourrait aussi n’être rien d’autre qu’une politique d’austérité qui ne dit pas son nom, en détricotant des filets de protection sociale, en s’en prenant aux services publics, en accentuant les inégalités sociales, en s’engageant plus encore dans la voie de la précarisation de l’emploi et de sa flexibilité…

Ne prenons que la politique fiscale. Le boulot ne manque pas: lutter contre la fraude fiscale (mettre en œuvre les 108 recommandations de la Commission des Finances), revoir certains avantages fiscaux (comme les intérêts notionnels), faire passer les banques à la caisse, taxer les transactions financières spéculatives, revoir certaines mesures fiscales qui profitent davantage aux bien nantis qu’aux autres, etc.

Certains se réfugieront évidemment derrière l’Union européenne et même la mondialisation, pour ne pas en faire trop…

Sans nier les risques d’un endettement excessif (à cet égard, la Belgique est loin d’être le plus mauvais élève), j’ai l’impression qu’au nom de la compétitivité et de la réduction des déficits publics, on va se soumettre une fois de plus aux « lois  du marché » (au laisser-faire) moyennant quelques rafistolages, que ce soit au niveau belge ou au niveau européen.

Ne prépare-t-on pas, en réalité, les esprits à des politiques d’austérité présentées comme inéluctables ?

Il est donc indispensable de voter aussi pour assurer une forte représentation des forces de gauche et du Parti socialiste en particulier, au sein de la Chambre et du Sénat pour qu'elles défendent - autant que possible (on connaît les limites de l'exercice dans un gouvernement de large coalition) - une politique progressiste digne de ce nom!

J.G., 2 juin 2010

Photo du moment

Agenda

  • 07-04-2013

    C’était le dimanche 7 avril 2013. Jean Maquoi, le frère du docteur Luc Maquoi à l’origine du Centre Médical Héliporté de Bra-sur-Lienne, ne cachait pas sa joie et son émotion : le soleil et près de 2000 personnes avaient répondu à l’invitation de son comité organisateur.

    Plus de 850 repas ont été servis à cette occasion !

    Jean Maquoi et son équipe peuvent compter sur 130 bénévoles, sur la collaboration des pompiers de Hamoir et de la police fédérale de même que sur l’aide d’entreprises de transport et d’autres firmes de la région.

    L’intégralité des bénéfices de cette belle manifestation est versée au CMH de Bra-sur-Lienne.

  • 04-01-2013 - 30-01-2013

    Le CMH de Bra-sur-Lienne a les honneurs d’une exposition photographique « Au coeur d’une zone rouge », à la Maison du Tourisme du Pays de Herve.

    On peut y admirer les superbes photos réalisées par Valentin Bianchi lors d’interventions réelles du CMH (en 2012, le CMH est intervenu plus de1000 fois !).

    Excellente idée que cette belle exposition car elle fait vivre au quotidien et sur le terrain les interventions d’un trio de choc : le médecin spécialiste, l’infirmier spécialisé en aide médicale urgente ainsi que le pilote de l’hélico.

A votre bonne attention

  • Voici quelques informations communiquées par le CMH de Bra-sur-Lienne.

    Trois interventions héliportées par jour !

    Au cours de l’année 2012, le Centre Médical Héliporté de Bra-sur-Lienne a réalisé 1028  missions par hélicoptère à la demande du 112.

    Pour la seconde année  consécutive, le CMH dépasse le seuil des 1000 interventions héliportées. Cette donnée confirme la place de l’hélicoptère dans les moyens de secours disponibles en Belgique.

  • Le best-seller surprise qui secoue la Flandre enfin traduit en français

    « Comment osent-ils ? La crise, l’euro et le grand hold-up » de Peter MERTENS (président du PTB) en collaboration avec David Pestieau, avec une préface de Dimitri Verhulst (Auteur de La merditude des choses). Quelques syndicalistes l’ont déjà lu et vous le recommandent.

    « Peter Mertens, comme nous, a raison de s’étrangler d’indignation dans son livre sur “La crise, l’euro et le grand hold-up”. (…) Oubliés le sauvetage des banques, les causes de l’endettement et de la crise. Ils ont réussi a retourner la situation et ils essaient maintenant de nous convaincre que tout cela, c’est notre faute : on gagne “trop”, notre sécu est “trop généreuse”, nos pensions “impayables”, nos services publics “pléthoriques”, nos chômeurs “paresseux”. (…)

  • Je lis sur ma page d’accueil Facebook les témoignages de Renée Gaspard, Patrick Davin, Gaston Blanchy, Jean-Claude Marcourt, Jean-Pierre Alexandre, Nathalie Bailly, André Brunelle, Christelle Thomas et de tant d’autres.

    Que dire encore ? Nos pauvres mots ne peuvent pas suffire devant ce terrible drame et tant de souffrance…

    Nous ne pouvons qu’exprimer notre révolte mais aussi notre empathie, notre solidarité. Au moins, elles n’ont pas de frontière même linguistique !
    J.G., 14 mars 2012

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